Extrait de la série
Point noir Ecran blanc
Tanger 2018
(…)
L'hiver s'est installé pour en finir avec le jour. Le matin s'étend à l'infini. Le temps est arrêté. Un écran blanc.
L'écran s'étend pour que soit enfin compris : il n'y a plus de temps. Seule une grande scène de théâtre.
Pour que soit enfin compris : il ne se passera rien si l'esprit et le corps ne se laissent pas aller à la nuit, au son des tambours et des flûtes, des voix qui n'en finissent pas, à suivre les pas. Il ne se passera rien s'il ne se laisse pas aller à la folie.
Laisse flotter la poussière et l'air chaud. Le film ressemble à ce sous-sol d'ancien hôtel colonial. Le parquet passé, une rose rouge sur chaque nappe. Le sous-sol baigne dans une lumière rose. Un vieil homme et une musique qui s'étouffe.
Il ne se passera rien si le corps ne descend pas dans ce sous-sol, s'il ne se laisse pas absorber, complètement, par la torpeur. Une grande scène de théâtre. Et c'est encore plus fort que la réalité. Il faut que l'esprit comprenne, il n'y a pas de réalité il n'y a que cette scène de théâtre, infinie.
Oublie tout. Oublie tout pour pouvoir approcher de nouveau.
Le soleil s'est levé. L'écran ouvert. Le matin a duré des semaines. Le jour commence enfin.
(…)