Mouna Saboni Photographies

"Va com Deus" Brésil 2012.

« Va com Deus » peut se traduire par « Que dieu t'accompagne », expression communément employée par les brésiliens lorsque quelqu'un quitte un lieu ou une personne.

« Va com Deus » est un projet réalisé au Brésil et notamment dans la favela de Vidigal à Rio de Janeiro où Mouna Saboni a élu domicile durant deux mois. Son travail étant toujours traversé par des questionnements sociaux et d’actualité elle débute ce projet dans la volonté de documenter la situation des favelas de Rio de Janeiro un an après le début de leur pacification.

« Va com Deus » a pour base un questionnement spécifique: celui de la différence de perception que l'on peut avoir de la réalité en s'installant dans ce nouvel environnement qu'est une favela et celle que l’on acquiert peu à peu à force d'y vivre. Oscillant entre le reportage et une approche plus poétique du territoire, “Va com Deus” est un projet dans lequel le point de vue subjectif de l'auteur est totalement assumé. Un projet qui dépasse l'évènementiel et l'anecdotique pour laisser place au sensitif et créer ainsi un travail qui brouille les frontières photographiques.

"Va com Deus" s'accompagne d'un ouvrage intitulé "Lettre à l'asphalte", des textes qui complètent et parfois se mêlent à la série photographique.

« Cher X,

Je traverse le pays comme on traverse l'Histoire. Et j'éparpille là ma vie en trainant mes vieilles histoires au fond du ventre comme on traine des peaux mortes: collées au corps et qui font fuir les gens souriants. Et de tout ça, je ne sais pas quoi faire. Je ne sais plus.

Je vous écris d'une petite favela en bord de mer, ou plutôt de l'océan. Ce terrible océan. Ici tout est tranquille, une favela que les touristes ont pris l'habitude de traverser pour profiter de la vue qu'elle offre sur la ville.
La police pacificatrice fait ses rondes. Les enceintes sont poussées au maximum et les pieds frappent le sol aux rythmes du Forro, de la Samba ou du funk. L'alcool coule à flot.
Mais les sourires sont en coin et parfois l'oeil inquiet. J'apprends la loi du « Je n'ai rien vu. Rien entendu. ». Et comment, ici, la vérité est toujours multiple. Il faudrait raconter comment on apprend à mentir et à feindre la naïveté. Comment on apprend à se taire même lorsque l'alcool commence à nous faire vaciller. Raconter aussi la moiteur de l'air et la teinte que les yeux prennent lorsque la nuit les rattrape.

Il faudrait raconter tout ça. Peut-être avec des images. »

Mouna Saboni.

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